Friday, January 15, 2010

The Word's Edge

Interstices

In my lyrical poetry the fragmentation of words on the page
embodies the scattering of the self into multiple voices and identities.
My experimental poems are non-linear
and destabilize the traditional flow of Romantic verse.
The multiplication of puns and the juxtaposition of polysemous phrases
weave and unweave a fabric of unsettling images.
The dense sensuous texture of overlayered verbal and visual fragments
immerses the viewer in the flow of a multiverse.
In my multimedia practice poetry, visual arts and music intertwine
to give rise to a heterocosm in perpetual change.
My videopoems dramatize the dispersal of language in motion.



I am inspired by Hart Crane's fusion
of Romanticism, Symbolism and Modernism
in a "transmemberment of song",
by Robert Duncan & Jess's collage practice in poetry and visual arts,
by Paul Celan's short poems,
by Octavio Paz's surreal romantic love lyrics
and by Rosmarie Waldrop's postmodernist prose poems.

*

Poetry Samples:

Flotsam


Words dredged up from the bottom of your throat
strain me bare
wind-seared bed of a lake
drained hollow
Your face, tonelessly averted
drifts me to capsized boats
salvaged dreams of hovering between
layers of your skin
I pace the shore for wordshells
rustveined and voice-soaked
stunned waterleaves
cast away, reclaimed—
No one will stem the tide
as i stand on the edge
of almost
headlong flights undersea

*



Jetsam

Stained words in tin mouths
for tarnished voices and rusty days
encrustations of strained thoughts
sudden glances: flung-off stone chips
from crust to core, stun me
reel off with daylight
bare to the bone, unnerve me
the sky opens fields of eyes
restless birds in flight
settling on floating isles
faces being born with new names
sudden glances: hailstorm

*

Ice slivers—


On the road sparkled with nowhere
The cities of glass collapse—
Chill words rain down on me
Drenched in language shreds
Derided by shadows
You stare at me tongue-tied and soulless
Tired of raving in the desert of words
Unredeemed by the tide of desireless songs
I rise with suntrails of dust
Your face is nowhere to be found
All roads lead to heaven if you tiptoe on the glass ceiling
Today is the birth of storm-dwellers
Sooner or later you'll find yourself hovering
over the void endlessly
Ungraspable white noise falls
through the
empty
night sky
As hailstones astonish storm-riders
You get lost in the sun's black eye
Word-riders dwell in stones of derision
as hailstones fall through the world's darkest core
Godliness is the beginning of Nothingness
All roads lead to nowhere
as bridges collapse
The sun is nowhere to be found
Erase this world with a strike of birds—
Hovering above the waters of the Uncreated—
Sketched brushstrokes on an empty canvas—

*

La Dérive illusoire de l'instant

Mes poèmes forment un champ polyphonique ouvert
à l'environnement extérieur.
Ils composent un paysage où se multiplient les déformations intimes 
de visages étranges
et les défigurations fulgurantes 
de rivages intérieurs.

Ces oeuvres lyriques et néo-expressionnistes mettent en scène 
la hantise
suscitée par l'éternelle disparition du moment présent.

Ces constellations de mots s'étoilent en une texture chatoyante
où se nouent et se dénouent les filaments de vies éparses
parsemant l'espace infiniment extensible de la page.

Mes vidéopoèmes se nourrissent de la blessure
où vibrent la richesse de la fragmentation
et la fertilité des brisures linguistiques.

*

Errance


La forêt clairsemée de mots
palpite en un chatoiement de miroirs
brisés comme le firmament sans paradis
où se glace toute idée d'éternité

Tu marches dans une plaine d'eau gelée
bercée de brume
sertie de neige et de glace
Tu te réfugies dans le sanctuaire
des âmes exilées
où je murmure
de kyrielles de mots
éphémères
se dissipant
parmi les astres errants
et les épaves célestes

Je vide le monde d'une gorgée
Tu ris à gorge déployée
L'étoile noire chavirée
palpite comme un coeur d'enfant

Je me baigne dans l'estuaire de ta bouche
La mer déroule sa longue chevelure
Le soleil étourdi s'abreuve à ta source
Tu dérives à flot de mots,
bercée par des flammes déferlantes—

Sur ta peau constellée j'essaime ma voix
Perdue dans le ressac de la mer
parsemée de mots
tu dissémines des éclats de chair

Dans le refuge de la forêt se dispersent
des semences d'étoiles
qui s'épanouissent en poèmes


*


Scripturale

L'oiseau décru transperce le soleil errant
en sombrant dans le vide
Les gerçures lentes de tes lèvres
sont des traces de silence
L'oiseau de crue ploie sous l'averse
Ton ombre soudain éclose
s'enfonce dans le paysage déserté
L'oiseau de pluie effleure ta peau
Tu épies les semences de l'aube
emportées par le vent
Les gerçures de tes lèvres
sillonnent le tronc de l'arbre creux
Les gouttes de pluie hésitant au bord de tes cils
se bercent
s'effilent
se fanent
Les cils vibratiles de ton oeil
s'effeuillent sous le vent
Je grave ton nom sur l’écorce de l'arbre creux
Mes paroles insinuées de sève
montent aux branches du paradis
Tes lèvres d'averse effleurent ma peau
Inscris-moi vierge sur ce tronc aux sentences incisées
Mon doigt trace ton nom sur le sable
Toute inscription est effacée par la mer
Tout souvenir s'évapore avec l'écume des mots
L'embrun de tes paroles s'envole et se perd à l'infini
Tout mot est une poussière d'eau
arrachée par le vent à la crête des vagues
Chaque vague se brise au sommet de son élan
Ton visage se crée dans la mer puis s'évanouit dans les airs en déferlant sur les brisants—
Je t'aperçois au détour d'une phrase
emporté dans le ressac des mots—

*

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